À la différence de son prédécesseur Trajan, Hadrien ne fit pas la guerre. C’est à la chasse qu’il affirme sa virtus , reprenant ainsi la tradition des rois orientaux : des médaillons employés dans l’arc de Constantin représentent ses exploits cynégétiques et les sacrifices d’actions de grâce offerts à diverses divinités.
Hadrien marque son intellectualisme en adoptant la barbe des philosophes; la volonté de spiritualisation se marque par une innovation importante : la pupille de l’œil est désormais incisée, exprimant la vie du regard.
La villa Hadriana de Tibur, construite par Hadrien, est beaucoup plus "raisonnable" que la Domus Aurea de Néron. Les descriptions anciennes donnent une idée très inexacte de ce domaine, en faisant croire qu'Hadrien y avait copié les paysages les plus célèbres de son Empire.
La villa de Tibur rassemblait, plus grands et plus somptueux qu’ailleurs, les éléments classiques d’un domaine aristocratique; mais ils sont réalisés avec des raffinements architecturaux qui portent la marque des meilleurs maîtres de l’époque; le «théâtre maritime» est en réalité une sorte d’île artificielle contenant un petit appartement où Hadrien pouvait s’isoler complètement pendant ses crises de neurasthénie. Son architecture, celle aussi du pavillon qui couronne le grand péristyle dit Piazza d’Oro, est légère, capricieuse et tourmentée comme celle d’un décor de scène ou d’un palais de conte de fées.
Sous le règne d’Antonin, successeur d'Hadrien, et plus encore sous Marc Aurèle (adopté par Antonin, comme Lucius Verus) , la recherche de la vérité psychologique donne naissance à des effigies émouvantes, comme celle du jeune prince, mort avant d’avoir atteint l’adolescence.
Le philosophe Marc Aurèle .
dut employer les dix dernières années de son règne à lutter contre les Germains,
qui, pour la première fois, étaient parvenus à forcer les frontières de l’Empire
et à ravager l’Italie; ce drame est évoqué par la colonne Aurélienne, conçue
sur le modèle de la colonne Trajane, mais décorée dans un tout autre esprit:
autant la frise trajanienne évoque la puissance tranquille et sûre d’elle,
confiante dans la légitimité de son action.
Autant la colonne de Marc Aurèle traduit le désarroi,
l’angoisse, le recours désespéré aux forces surnaturelles, et un mélange de
haine forcenée et de pitié vis-à-vis des Barbares. Pour exprimer ces sentiments
les artistes avaient renoué avec la tradition baroque de Pergame; les grandes
statues des Galates vaincus par les rois Attalides, et les sarcophages s’inspirant
des ex-voto qui glorifiaient les victoires des princes champions de l’hellénisme
sur les envahisseurs nordiques.
La
crise économique qui affecta les règnes de Marc Aurèle , de Lucius
Vérus et de Commode ralentit l’effort édilitaire dans la capitale,
mais non dans les provinces.
On compte par centaines les villes construites ou reconstruites
par les 3 générations qui vécurent sous la dynastie des Antonins(96-192).
Un tel effort n’a pu aboutir que grâce à la planification;
mais une analyse plus poussée montre que si les plans venaient de Rome, ils
n’étaient jamais appliqués mécaniquement. D’abord, comme on l’a dit,
les matériaux n’étaient pas les mêmes partout: la brique par exemple, qui
constitue à elle seule les parements des murs en Italie, n’est pratiquement
pas utilisée en Afrique et, en Gaule, elle ne sert qu’à couper la maçonnerie
de lits régulièrement espacés. Les traditions locales ont leurs exigences,
en particulier dans le domaine religieux; il y a des temples romano-celtiques,
romano-africains et romano-syriens: l’ensemble de Baalbeck, commencé sous
Tibère et terminé au IIe siècle, appartient à cette dernière catégorie.
Enfin, toujours et partout, l’architecte demeure libre, d’abord de choisir
entre les divers modèles que lui offrent ses manuels, ensuite de les adapter
aux conditions du terrain et du climat, ainsi qu’aux exigences du commanditaire.
Oeuvres présentées :
Dans cette période troublée par les menaces des barbares et les problèmes internes, le portrait se veut puissant et imposant, car il est là pour rassurer le peuple et le convaincre de la puissance de l'empereur et de sa protection.
- Antinous, le grand amour d'Hadrien mort prématurément, sous les traits de Sylvius divinité de la nature, un chien à ses pieds. Le visage est traité en grande sensibilité.
- Statue d' Antonin aux cheveux bouclés
- Portrait de Marc-Auréle à la pupille des yeux incisés qui accentuent et précisent le regard.
- Statue en pied de Lucius Verus traité comme le portrait de Marc Auréle, bien qu'il n'y est pas de lien de parenté entre eux (adopté par Antonin comme Marc Auréle) mais la représentation des empereurs se faisaient selon des principes identiques.
- Bronze de Marc Auréle à cheval, en général, à la tête de ses armées qui partent défendre les limes menacées. L' empereur est grandi par rapport à sa monture. Le geste de la harangue qui galvanise les foules est typique de cette époque.
- Relief de l'apothéose d' Antonin et de Faustine son épouse, transportés vers le royaume des dieux sur les ailes d'un génie funéraire, et encadrés par 2 aigles. Au sol, 2 représentations divines. Les 3 autres faces de ce relief funéraire comportent d'autres compositions (parade militaire, ...)
- Colonne de Marc-Auréle (180-192 sous le règne de Commode). Comme la colonne trajannne, c'est une succession de tambours en spirale ascendante, mais avec plus de relief dans les scènes, qui donnent une impression de foisonnement par la superposition de nombreux plans et le fait que le fond n'est plus visible. Elle représente 2 campagnes militaires de Marc Auréle ( Barbares, soldats romains et manifestation d'événements surnaturels) :
Prise du village et capture des habitants L'empereur entretenant ses lieutenants; les visages sont de profil, de 3/4 ou de face- Arc de triomphe de Marc-Auréle : Des barbares à genoux sont présentés à l'empereur par des soldats romains. Le traitement régulier des traits du visage est conforme aux portraits officiels. Comme sur la plupart de ce type d'oeuvre, les personnages essentiels de la scène sont agrandis, comme le soldat qui présente les barbares à l'empereur ou le lieutenant qui accompagne l'empereur.
- Buste de Commode reposant sur un trophée en marbre, divinisé en Hercule. Cheveux bouclés et barbe. Il tient dans ses mains les pommes d'or des Hespérides.
- Sarcophage de Velletri : Sur ce sarcophage conçu à la manière d'un temple (couvercle en forme de toit,...) , scènes en 3 registres superposés en haut relief et ronde bosse sur toute la cuve. travaux d'Hercule scandés par une succession d'atlante
- Cycle dionysiaque sur un sarcophage au couvercle plan (160) :. Campagne de Bacchus aux Indes pour y imposer ... la consommation du vin. 3 plans se superposent dont le premier en ronde bosse et de face
Vers 170 apparaît la multiplication des plans et des points
de vue sur les sarcophages
Le plus glorieux fut Septime Sévére qui était d'origine africaine. Il fut porté au pouvoir par ses légions à la suite de l'assassinat de Commode, Pertinax et Julien 1° n'étant resté au pouvoir que ... quelques jours.
Nous avons vu que jusqu'à la fin du IIe siècle, la production artistique romaine
a été dominée tour à tour par trois courants rivaux, qui tous trois sont nés
à l’époque hellénistique:
Tous trois acceptent les règles fondamentales de l’art défini en Grèce au ~5e siècle comme une imitation de la nature, comprise, dominée et organisée par un homme idéal.
Si les deux premiers courants peuvent être considérés comme correspondant aux deux attitudes fondamentales de l’âme grecque (attitude «apollinienne» et attitude «dionysiaque»), le troisième représente la réaction de ceux qui ne sont pas vraiment conquis par l’hellénisme, bien qu’ils l’admettent et se soumettent à ses lois. Constitué d’abord par la masse la moins évoluée du peuple romain, il se renforce ensuite de la grande partie des provinciaux d’Occident, et d’un bon nombre d’Orientaux qui ont rejeté la colonisation spirituelle hellénique. Ce courant, extrêmement étendu géographiquement et varié ethniquement, trouve pourtant des modes d’expression étonnamment semblables entre eux.
Les œuvres issues de ce courant plebeien, comme dans les dessins d’enfant, montrent les personnages et les éléments du décor distribués en fonction du rôle qu’ils jouent et de l’effet à produire sur le spectateur. Lorsqu’on représente plusieurs personnages, qu’il s’agisse de dieux ou d’hommes, le plus important est généralement au centre de la composition, immobile et tourné vers le spectateur qu’il regarde fixement; les autres sont rangés symétriquement autour de lui, soit tournés vers le spectateur, soit convergeant vers l’acteur principal. Les accessoires – attributs de puissance, armes, vêtements, bijoux –, lorsqu’ils contribuent à la signification de la scène, sont traités avec un soin extrême; on n’hésite pas à les agrandir, à les mettre en évidence, alors que dans la réalité ils seraient à peine visibles ou pas du tout. Souvent la taille relative des personnages varie en fonction de leur importance: un dieu, un empereur seront figurés comme des géants.
Cet art n’est pas celui d’un peuple ou d’une école; il exprime une attitude à l’égard du monde opposée à celle des Grecs du Ve siècle, un refus d’accepter la nature, considérée comme impure, un mépris de la raison et de la logique. On l’appele art «antiphysique». L’attitude que nous venons de définir était celle des chrétiens, qui deviennent au 3e siècle une force considérable, mais elle ne leur était pas propre; leurs adversaires les plus acharnés, les philosophes néo-platoniciens, la partageant pleinement.
L’art plébéien a pu influencer souvent l’art officiel, dès une époque ancienne: la tendance à la composition symétrique, si marquée au ~Ier siècle, s’explique sans doute ainsi; le maître de l’Ara Pacis, celui de la colonne Trajane et celui de la colonne Aurélienne ont certainement emprunté des idées et des procédés à des œuvres populaires, mais en les transposant dans le langage noble des classes cultivées.
Au
début du 3e siècle, nous trouvons un groupe important de monuments impériaux
où le mode d’expression plébéien est utilisé sans compromis et sans contrainte:
ce sont l’arc de triomphe de Septime Sévère au forum
romain, la porte dédiée à ce même empereur par les changeurs et les orfèvres,
enfin l’arc à quatre portes consacré, toujours à Septime Sévère, par ses compatriotes
Cette rupture délibérée avec la tradition des classes cultivées s’explique fort bien par la politique sociale de Septime Sévère, qui s’opposa durement aux sénateurs et chercha un appui dans la classe des chevaliers, issus d’une bourgeoisie provinciale souvent fraîchement romanisée, et dans l’armée, qui se recrutait directement dans les milieux populaires.
Oeuvres présentées :
- Buste de Septime Sévére drapé, coiffure et barbe bouclées
en "tire bouchon".
- Statue de Julia Domina (mère de Caracalla et épouse de Septime Sévére).
Chevelure longue, épaisse, ondulée et plate en bandeau sur la nuque. Les incisions
et le trépan donnent le mouvement aux cheveux
- Scène de triomphe de Septime Sévére. Le cortège qui accompagne l'empereur
sur son quadrige est se présente de face
- Buste de Caracalla (assassiné en 235). Il porte la moustache et la
barbe courte. Les cheveux sont courts et bouclés. Le style est proche des
statues de Néron mais avec des éléments nouveaux : regard oblique et
concentré, rides donnant la sensation de sévérité
Les oeuvres présentées
Portrait de Philippe l' arabe (244-249). Les cheveux sont raides et
aplatis. La moustache donne un air très réaliste
- Sarcophages à strigile (stries en forme de S) avec aux angles de simples
masques de lions ou machiques; parfois des divinités. Parallèlement on trouve
aussi des sarcophages aussi travaillés qu'à l'époque Sévére , comme celui
de Balbinus ou la cuve est sculptée de scènes de la vie du général
- Sarcophage Ludovici : Scène de bataille, le fond disparaît sous l'empilement
des plans. Les éléments de pathétique sont toujours présents, dominés par
la représentation triomphale du général.
- Sarcophage d' Acilia : Une seule procession de personnages en ronde bosse,
grandeur nature faisant le tour de la cuve
L’art antiphysique se prêtait parfaitement à la mise en valeur du pouvoir surnaturel, dont rien ne tempérait plus l’absolutisme. Les reliefs qui décorent à Salonique l’arc qui formait l’entrée du palais de Galère, un des associés de Dioclétien, expriment cette idéologie.
La réconciliation du christianisme et de l’Empire, œuvre de Constantin (306-338) qui se convertira, n’eut aucune conséquence dans le domaine politique, car les évêques acceptèrent sans difficulté de sauvegarder le caractère sacré du pouvoir. L’arc qui se dresse devant le Colisée fut dédié en 315 par le Sénat, dans l’intention d’inciter le nouvel empereur à respecter autant que possible la tradition; c’est pourquoi on y incorpora des éléments empruntés aux monuments de princes qui avaient le mieux illustré l’idéal politico-moral de la classe dirigeante, Trajan, Hadrien, Marc Aurèle.
La suite du règne est marquée par une nouvelle renaissance
classicisante. Le long règne de Constantin fut favorable à l’aristocratie:
dont le luxe s’étale dans de somptueuses villas, décorées de magnifiques mosaïques.
Depuis Dioclétien, les empereurs ne résidaient
plus à Rome. Ils élevaient, à Trêves, à Sirmium (Serbie), à Salonique,
à Nicomédie, des palais inspirés de celui du Palatin.
Dioclétien, qui abdiqua, fit bâtir pour abriter sa retraite l’énorme château
qui constitue encore le cœur de la ville de Split.
Constantin alla plus loin en décidant de créer une nouvelle Rome sur les rives
du Bosphore; Istanbul cache entièrement les vestiges de la première Constantinople.
Par une ironie du sort, le dernier monument grandiose de l’architecture impériale
romaine qui soit parvenu jusqu’à nous est l’immense basilique voûtée, en brique,
construite entre le forum romain et le
Colisée par le rival malheureux de Constantin, Maxence.
Mais Constantin avait fondé aussi, à Rome, à Jérusalem, et naturellement à
Constantinople, les premières églises chrétiennes monumentales. Après d’interminables
discussions, l’opinion prévaut aujourd’hui que ces premières basiliques dérivent
des salles d’audience des palais impériaux.
Les oeuvres présentées :
- Mosaïques de Piazza Armerina (Sicile). Représentation de fauves combattant une antilope. On voit distinctement les traînés de sang. Ce dessin est stylisé , les éléments étant disproportionnés les uns par rapport aux autres
- Basilique de Constantin : Tète et main appartenaient
à une statue colossale
En 395, partage de l'empire par Théodose à ses 2 fils Arcadius
(Orient) et Honorius (Occident) qui s'avèrent incapables.
476 : Fin de l'empire romain d'occident
565 : Fin de l'empire romain d'orient