Rivales en politique, rivales commerciales, les communes toscanes et
en particulier Florence, Pise, Venise et Sienne se livrent une guerre
artistique qui prend la forme d'une émulation. Sienne, vaincue par Florence
au 14° siècle (?) devient au 15° siècle une grande ville
artistique dans la continuité de Florence qui conservera malgré
tout sa prédominance.
Sienne au 15° siécle devient un foyer artistique de premier ordre
et garde un style propre (fond doré, élongation des corps...).
De grands peintres sont nés et travaillent dans cette ville :
Stefano di Giovanni di Consolo da Cortona, dit Sassetta, l'un des maîtres de l'école de Sienne, fut influencé, comme les peintres de l'école de Sienne, par le style gothique international de même que par la nouvelle culture qu'élaborait alors Florence.
Son œuvre - constituée essentiellement de peintures de retables, aujourd'hui démembrés et conservés dans différents musées - possède les qualités traditionnelles du style gothique, c'est-à-dire un trait élégant, des fonds dorés et une atmosphère pieuse et poétique.
Certains détails, comme le souci de la perspective, trahissent toutefois l'influence florentine et situent Sassetta à la transition des styles gothique et Renaissance.
- En 1437, Sassetta reçoit la commande de l’œuvre la plus
monumentale et la plus prestigieuse du XVe siècle siennois, un polyptyque
de Borgo San Sepolcro
, destiné à l’église Saint-François et
peint recto et verso. Il y travaille sept ans. On y remarque l'accentuation
des silhouettes et des ors :
Au recto :
- Sur le panneau central : Vierge à l'enfant entourée d'anges.
Sur les deux panneaux latéraux, de chaque coté, les saints Jean
Baptiste, Jean l'évangéliste, Antoine de Padoue et le bienheureux
Ranieri Rasini. Dans la prédelle des scénes du bienheureux Ranieri
Rasini
Au verso qui représente la vie de saint François :
- Sur le panneau central saint François en gloire et sur les deux panneaux
latéraux de chaque coté des scénes, au décor mis
en forte perspective, de la vie de saint François. Dans la prédelle
des scénes de la trahison du Christ
Malheureusement ce tryptyque, comme de nombreux tryptyques de cette époque
ont été démembrés au fil des siècles par
les marchands de tableau dans un but lucratif !
Une face de ce polyptyque, celle représentant la Vierge était visible des fidéles; seuls les moines rassemblés dans le choeur voyaient l'autre face. Ils priaient donc devant l'image du fondateur de leur ordre.
- Dans le retable appelé La Madone des neiges (1430-1432) pour la cathédrale de Sienne, l'élégance du trait, l'allongement des formes et le fond doré caractéristiques de la tradition gothique se conjuguent à une finesse de détail dans le rendu des personnages et un souci de la perspective d'inspiration florentine et qui annoncent le Rinascimento (Renaissance culturelle). On remarquera l'originalité consistant à tourner les personnages vers l'extérieur du tableau comme pour "ouvrir" celui-ci.
- Fresque des anges musiciens de la porte romaine de Sienne.
Artiste dont la production, extrêmement diversifiée (peinture, sculpture, architecture et fortifications militaires), en fait l'une des figures dominantes de l'école siennoise. Travaillant tout d'abord à Sienne comme peintre (retable du Couronnement de la Vierge, 1472, Sienne) et sculpteur, il fut sans doute l'élève de Vecchietta. Sa plus grande réussite fut la coupole octogonale de l'église Santa Maria del Calcinaio (1485), près de Cortone; ses proportions sont fortement inspirées du dôme de la cathédrale de Florence, dû à Brunelleschi. Ingénieur militaire, il travailla également à la construction des murailles de Lucques; il laissa un Traité d'architecture civile et militaire, écrit vers 1492.
-
Couronnement de la Vierge, 1472.
Retable.. La scène, proposant un savant étagement de personnages
et de riches coloris, représente le Christ, entouré des saints
et des prophètes, couronnant la Vierge Marie. L'ensemble est dominé
par la figure de Dieu le Père, dont la silhouette est décrite
dans un raccourci original.
- Vierge à l'enfant, tableau marqué par l'influence florentine mais original par le jeu des ombres et des lumiéres et l'association des coloris.
- facades de cassini (coffres de mariage) représentant des scénes de l'odyssée
Peintre et miniaturiste italien, figure éminente de l'école de Sienne. Dans ses premières œuvres, l'influence des maîtres siennois transparaît nettement. Par la suite, il créa son propre style, fondé sur l'utilisation de couleurs crues et vigoureuses et les formes allongées.
Bon nombre de ses œuvres suggèrent une atmosphère étrange, un peu surréaliste comme le Miracle de saint Nicolas de Tolentino (v. 1455, Philadelphie), tandis que ses œuvres plus tardives ont été traitées dans le style grotesque, telles que le Jugement dernier (1465) et l'Assomption de la Vierge (1475), toutes deux conservées à la pinacothèque de Sienne. Giovanni di Paolo connut peu de célébrité posthume, si ce n'est au 20e siècle où son art connut un regain de faveur.
- Adam et Eve chassés du paradis. Peinture sur bois
- Panneau de la "Présentation de Jésus au temple" de 1449
Peintre, mathématicien et théoricien, dont le parcours esthétique vise à la synthèse des différentes recherches contemporaines dans le but d'aboutir à un système universel de figuration qui établit la peinture comme reflet de la connaissance. Il naquit à Borgo San Sepolcro vers 1420. Après une formation à Florence, sa carrière se déroula à Rome, Ferrare, Rimini, Arezzo et surtout Urbino. On ressent dans ses oeuvres de jeunesse l'influence flamande qu'il a vu et étudier en Italie.
.- Baptême du Christ
représenté à la manière d'une scène mythologique
: intemporalité de l'action, décontextualisation de l'environnement
(1440-1445. Huile sur bois). Construction forte du tableau et allusion a des
épisodes historiques : Les 2 arbres, l'un au tronc noir l'autre au tronc
blanc "répondent" à la scène principale de Jésus
et saint Jean - Les 3 personnages en costumes orientaux rappellent la réunion
des églises (après la chute de Byzance, l'église byzantine
demanda l'appui de l'église romaine) - Catéchumène en arrière
plan.
Les œuvres de Piero della Francesca représentent, pour la plupart, des
sujets religieux, essentiellement des retables et des fresques d'église.
L'apogée de sa carrière fut marquée par la série
des fresques de l' Histoire de la vraie croix (1452-1455). L'ensemble
de ces représentations ne vise pas à établir un récit,
une succession d'événements, à établir une chronologie.
La couleur pure et brillante, la lumière, la lisibilité des compositions
visent à figurer l'aspect géométrique de l'espace.
La question de l'espace devient primordiale, mais elle est aussi séparée de sa dimension historique. Des œuvres telles que la Vierge de Sinigallia (1470) nous rappellent au contexte culturel de la cour du duché, où réside, parmi d'autres, le peintre flamand Juste de Gand. Il pose dans cette œuvre la question de la proportionnalité des figures entre elles mais aussi par rapport au spectateur.
Piero della Francesca écrivit un traité, le De prospectiva pingendi, qui ne fut publié qu'après sa mort. Dans cet ouvrage, il tente de montrer en quoi la recherche dans la géométrie spéculative peut aider le peintre à élaborer un système complet, universel et infini de représentation du visible. Cette recherche de rationalité, ne fut naturellement pas partagée par tous.
Flagellation du Christ
(v. 1447-1448). Remarquer les 2 espaces clairement différentiés
par l'alignement des blanches colonnes centrales. Effet de perspective absolu
du plafond et du sol qui se rejoignent au niveau du personnage au fouet; parmi
les 3 personnages à l'extérieur de la scène principale
le commanditaire : Giovanni Bacci Dans l'animation qui est proposée sont
offertes différentes clés de lecture du fameux tableau de Piero
della Francesca.
Une analyse approfondie de l'œuvre - à travers la composition, la perspective, les couleurs, le motif et le décor, l'iconographie, les matériaux employés… - peut enrichir notre perception et nous faire apprécier différemment le travail de l'artiste.
- Fresque représentant Sigismond Malateste à genoux
devant son saint patron assis sur un trône et tenant le sceptre, sur fond
d'architecture. Au 2° plan l'estrade sur laquelle Sigismond est agenouillé
mains jointes en hommage féodal. Au 3° plan, le saint patron. Le
message symbolique porte sur la légitimité et la spiritualité
de Sigismond qui s'opposait au pape...qu'il tentat probablement d'assasiner.
Jeu de fermeture de l'arriére plan avec des pilastres et tissus tendus.
- Annonciation . L'oeuvre se compose de 2 parties : En haut la scène céleste et en bas une scène terrestre.
Décorant la chapelle centrale de San Francesco d'Arezzo, La Légende de la Vraie Croix, déployée sur trois registres superposés, est inspirée de la Légende dorée de Jacques de Voragine. C'est cette Croix, bientôt dressée pour le roi des Juifs, que la reine de Saba reconnaît (scène de gauche) dans la pièce de bois du pont, devant le palais où Salomon va la recevoir (scène de droite). Gothique par les figures, la fresque de Piero della Francesca innove par la puissance synthétique de la conception, servie par la simplicité presque géométrique des volumes et leur articulation dans l'espace, ainsi que par l'utilisation de la couleur et de la lumière.
- Diptyque peint au recto et au verso d'un portrait de profil de Baptista Forza (fille du duc de Milan décédée à 26 ans) et de Frédéric de Montefelte son mari en tenue d'apparat, au nez fortement busqué car cassé par un coup de lance : Effets lumineux poussés au détriment des détails. Au verso, sur des chars de triomphe les 2 époux. Une phrase latine est inscrite à la base de cette double scène.
- Vierge à l'enfant dite Madone de Senigallia accompagnés d'un ange en arrière plan et d'un autre devant une porte ouverte sur une pièce plus sombre à l'éclairage diffus.
- Conception monumentale d'un temple à l'antique avec des voûtes
en berceau à caisson (1472). Un groupe de saints entourent la Vierge
mains jointes, son fils allongé sur ses genoux et endormi; au premier
plan Frédéric de Montefelte en armure. Formidables effets d'ombres
et de lumières.
Peintre sensible à l'influence flamande et dont les œuvres marquent la synthèse entre la peinture du nord et la peinture italienne. Sa formation se déroula à Naples vers 1450, dans l'atelier de Colantonio et au contact des protagonistes flamands, espagnols et provençaux.
Ses premières œuvres montrent déjà une fusion entre la tradition flamande du détail et des effets de paysage atmosphérique (rendus grâce à l'adoption de la technique de la peinture à l'huile), et la définition spatiale et volumétrique de la peinture toscane de la moitié du XVe siècle. La critique rapproche ce travail de synthèse, qui apparente son art à celui de Fouquet et d'Enguerrand Quarton, à un probable voyage à Rome, où il aurait vu les œuvres de Piero della Francesca et de Fra Angelico. Dans son œuvre, les nombreux portraits qu'il exécuta tiennent une place à part.
Le premier voyage d'Antonello da Messina à Venise date de 1470; il y rencontra Giovanni Bellini, ce qui donna lieu à un important échange artistique entre les deux hommes. Par la suite, il retourna en Sicile et peignit le retable de Saint-Grégoire une œuvre d'une grande et nouvelle spatialité.
Il
se rendit à nouveau à Venise en 1474, où il peignit deux
de ses chefs-d'œuvre : le retable de San Cassiano et le Saint-Sébastien
. Antonello da Massina retourna définitivement en Sicile en 1476.
- De cette période on date de remarquables portraits comme le Condottiere
( chef
d'une troupe de soldats mercenaires) affublé d'une fine cicatrice
sur la lévre supérieure, représenté de trois quarts,
sur fond neutre et sombre ( 1475 - musée du Louvre). Le traitement est
flamand mais la rigueur d'exécution italienne avec l'influence de Piero
della Francesca.
- Christ à la colonne : Visage de souffrance en gros plan extrêmement expressif. Puissance plastique par le détachement du visage, l'accentuation des traits du visage, les larmes et les gouttes de sang sur le visage.
- Saint Sébastien attaché a un arbre dans la cour d'un palais. Monumentalité du martyr et transparence du fond.
- Saint Jérôme dans son cabinet d'étude
(1460)
. Assis, lisant prés de sa bibliothéque et environné d'effets
de perspectives et de contrastes lumineux
- Vierge de l'Annonciation au voile bleu; la profondeur du tableau est obtenue par le livre posé sur le lutrin.
Peintre, dessinateur et médailleur, fut le dernier et le plus brillant
représentant du style gothique international.
De son vrai nom Antonio Pisano, il étudia sous la direction
de Gentile da Fabriano, dont il perpétua le style précieux et
élégant ainsi que le goût pour les descriptions minutieuses.
Pisanello fut l'auteur de tableaux, de fresques, de dessins et de médaillons-portraits
réalisés pour les cours de Milan, Rimini, Naples, et Vérone.
La famille d'Este domine Ferrare et Médine et Pisanello devient le peintre
officiel des ducs Leoneo et Borso
Parmi ses tableaux célèbres figure le Portrait d'une princesse de la maison d'Este ( 1443, musée du Louvre), qui représente un profil féminin se détachant sur un fond floral. Cette toile, caractérisée par des lignes longues et élégantes, des couleurs claires et un sens raffiné du détail, résume le style du maître.
Pisanello est également l'auteur de la Madone à la caille et de la Vision de saint Eustache (National Gallery).
Il excella dans la réalisation de médailles en bronzes fondus
(les frappes sont plus récentes) et signés :
- Médaille représentant Alphonse d'Aragon en cuirasse à
l'antique
- Médaille de l'empereur byzantin Jean VIII paléologue de profil
avec des membres de sa suite au recto; et à cheval au verso
Ses fresques, et en particulier son œuvre principale Saint Georges délivrant
la princesse de Trébizonde
(1438, Vérone), démontrent son extrême souci de précision
dans la représentation des personnages, des animaux, des fleurs et des
objets. Observateur attentif de la nature, Pisanello en restitua avec virtuosité
les moindres détails aussi bien au travers de ses toiles que de ses nombreux
dessins.
Dans certaines de ses œuvres, il atteignit en outre une parfaite maîtrise de la représentation des volumes de ses figures, marquant une étape importante de l'évolution du style gothique à celui de la Renaissance. Cette fresque de Pisanello est l'un des sommets du style gothique international.
- Portrait
de la princesse d'Este Ginevra (geniévre). Son costume porte les couleurs
des Gonzague. Cheveux coiffés à la mode de l'époque. L'arriére
plan rappelle un jardin botanique.
C'est le principal représentant de la seconde génération des peintres de la Renaissance en Italie du Nord et un grand théoricien de la perspective.
Né près de Padoue , Mantegna devint l'élève et le fils adoptif du peintre Francesco Squarcione de Padoue. Il développa un intérêt passionné pour l'Antiquité classique. L'influence de la sculpture romaine antique, et, en particulier, des bas-reliefs, associée aux recherches plastiques des artistes toscans est évidente dans sa manière de construire les formes humaines et l'espace de la composition.
Solitaire, froid et cérébral il subit l'influence de Donatello et d'Andréa del Castagno. Il fut également dessinateur et graveur. Les principales œuvres de Mantegna, à Padoue, représentent des scènes religieuses. Pendant un demi-siècle, Mantegna constitua une référence de classicisme pour les artistes de l'Italie du Nord. Ce fut, également, grâce à la circulation de ses nombreuses gravures que les artistes allemands, notamment Albrecht Dürer, furent informés des découvertes artistiques de la Renaissance italienne. Il mourut à Mantoue en 1506.
- A 17 ans, en 1448, il reçoit, avec Antonio Vivarini et Giovanni d’Alemagna,
la charge d'éxecuter les freques de la chapelle Ovetari dans l’église
des Eremitani de Padoue. Très vite Mantegna devint le principal responsable
et le principal exécutant des fresques, qui sont d’une importance capitale
en ce qui concerne le renouvellement de la peinture en Italie septentrionale.
De ces fresques presque toutes détruites en 1944 subsistent celles qui
avaient été précédemment détachées
du mur
: L’Assomption , Le Martyre de saint Christophe et Saint
Christophe enlevé au ciel . La personnalité de Mantegna se
révèle de façon fulgurante dans les épisodes consacrés
à saint Jacques: Saint Jacques baptisant Hermogène , Saint
Jacques devant le juge , Saint Jacques conduit au martyre et
enfin dans Le Martyre du saint . Les autres parties du cycle sont l’œuvre
d’artistes divers
- La plus grande entreprise de Mantegna fut une série de toiles sur le Triomphe de César (1489, Hampton Court Palace), qui constitue le moment le plus affirmé de son classicisme. Cependant, c'est dans les idées humanistes que Mantegna puisa son inspiration pour le Parnasse (1497, Louvre), une peinture allégorique commandée par Isabelle d'Este. Cette œuvre, fraîche et animée, exerça une grande influence sur la peinture profane du 16e siècle italien.
Son œuvre n'a jamais cessé d'être innovante. Dans la Madone
de la Victoire (1495, Louvre), il introduisit un nouveau type de composition,
fondé sur les diagonales, qui, plus tard, allait être exploité
par le Corrège, tandis que le Christ mort (1506, Milan), l'une
de ses dernières œuvres, constitue un tour de force de «raccourci»
anatomique.
En 1459, Mantegna, après avoir réalisé le célèbre
Martyre de saint Sébastien
au traitement monumental sur ciel d'orage (1459, Vienne - Détrempe
sur panneau de bois) , accepta l'invitation de la famille Gonzague, à
Mantoue, et y demeura en tant que peintre de cour jusqu'à sa mort.
- Son chef-d'œuvre est un ensemble de fresques (1465-1474) pour
la Camera degli Sposi («Chambre des Époux»)
du palais ducal de Mantoue. Les personnages de la cour sont peints dans l'illusion
réaliste d'un espace tridimensionnel, comme si les murs avaient disparu.
L'illusion provient du plafond, qui semble être ouvert sur le ciel par
une balustrade sur laquelle prennent appui des serviteurs, un paon, des chérubins.
Avec cette oeuvre Mantegna a jeté les bases de la peinture scénographique.
- Dans le retable pour l'église San Zénon
de Vérone (1456) il met en place une formulation révolutionnaire
: Un cadre en trompe l'oeil, sculpté et doré, en forme de temple
antique dans lequel on voit la Vierge à l'enfant avec les saints Pierre
et Paul. A la base 3 portraits dont un panneau de la crucifixion avec les 3
croix plantés en forte perspective centrale, sur une plateforme en pierre;
saint Jean en pleurs au pied de la croix de l'un des larrons.
- Tableau pour Isabelle d'Este (Mantoue) aux thèmes mythologiques reflétant
ses activités littéraires :
- Ecce homo : Christ flagellé , peint en gros plan, entouré de 2 personnages qui l'insultent. Recherche psychologique et picturale.
Chef de file de l'école de peinture ferraraise. Originaire de Ferrare, Cosmè Tura séjourna à Venise et à Padoue où il fut influencé par Squarcione et Andrea Mantegna. Également marqué par l'art de Piero della Francesca et de Donatello, Tura fut principalement actif à Ferrare où il réalisa les volets de l'orgue de la cathédrale (Saint Georges; Annonciation, 1458) et conçut des œuvres destinées à la bibliothèque de Pic de La Mirandole (1465-1467), à la chapelle Sacrati (1468) et à la chapelle Belriguardo (1472).
Tura fut également, à partir de 1471, le portraitiste officiel
de la famille d'Este, famille des ducs de Ferrare (portraits d'Alfonso et
de Béatrice d'Este). Son style, influencé par la peinture
de Van der Weyden, fut caractérisé par une grande expressivité
qui apparut comme une réminiscence de la tradition du gothique tardif.
Tura décrivit ses personnages avec un réalisme parfois violent,
utilisant un dessin au trait acéré. Parmi ses peintures les plus
célèbres figurent une Pietà (musée Correr,
Venise), le cycle de fresques du palais Schifanoia et le retable Roverella
(1474).
Francesco del Cossa et Ercole de' Roberti furent ses élèves.
La lunette qui surplombe le retable Rovella (1470-1474) démembré
au fil des siècles comme beaucoup de retables de cette époque,
représente une déploration (ou Pieta ?) du Christ. C'est une œuvre
caractéristique de l'art ferrarais par son dessin très élaboré,
sa contorsion du trait (volontairement appuyé), ses reflets de lumière
froide, inquiétante, presque métallique. L'horizontalité
de la composition est ici soulignée par les bras du Christ.
Avec Cosme Tura, Francesco del Cossa est l’une des personnalités marquantes de l’école brillante et singulière qui se développe à Ferrare grâce à l’impulsion donnée aux arts et à la culture par Lionello, puis par Borso d’Este. C'est à Bologne, où le peintre s'est établi quelques années à partir de 1462, qu'il réalise le carton représentant la Vierge en trône avec des anges pour le vitrail de San Giovanni in Monte (1467).
Le polyptyque pour la chapelle Griffoni de Bologne a été
exécuté pour honorer le culte de saint Vincent de Ferrer canonisé
en 1458. Sa reconstruction suite au démembrement du 18° siècle
ne laisse aucun doute. Le tondo
de la crucifixion était probablement au centre de l'oeuvre, alors que
les panneaux latéraux représentaient les saints Pierre et Jean
le Baptiste. La prédelle a été exécutée par
Ercole de' Roberti.
De retour à Ferrare en 1469, Francesco del Cossa participe à
la décoration du palais Schifanoia avec Tura et Roberti . La salle
des Mois y constitue le plus fascinant décor profane de la Renaissance
et une brillante évocation de la vie seigneuriale telle que la concevait
l’idéal humaniste. Sous l'influence novatrice de Cosmè Tura,
ces 3 cadres allégoriques des mois de l'année dépeignent,
de façon à la fois naturaliste et élégante, la vie
quotidienne du duché pendant les mois de Mars, Avril et Mai :
- Le Mois de mars, dominé par le Triomphe de Minerve et le signe du
Bélier, montre Borso rendant la justice puis partant pour la chasse,
tandis que des paysans sont occupés à tailler la vigne.
- Avril est le mois de Vénus qui apparaît entourée de diverses
évocations de la fécondité, de couples d’amants,
des Trois Grâces.
- Le Mois de mai est endommagé dans la partie basse où l’on
devine Borso recevant un panier de cerises, et une scène de moisson.
Au-dessus figurent les Gémeaux puis Apollon entouré des Muses
et de Pégase.
Les réalisations postérieures, où est portée une plus grande attention aux détails, font montre d'un sens aigu de la perpective et d'une recherche approfondie de la lumière.
De retour à Bologne, Francesco del Cossa peint de nombreuses œuvres de caractère religieux avant de mourir de la peste.
Sculpteur et architecte dont l'œuvre imposa des schémas nouveaux et ouvrit la voie aux grandes réalisations de la Renaissance. Antonio Averulino ou Averlino ou Di Pietro Avalino, dit le Filarète, collabora avec Ghiberti à la création des portes du baptistère de Florence. Il fut ensuite appelé en 1433 à Rome afin de décorer les portes de bronze de la basilique Saint-Pierre.
Il innova surtout par les références à l'antique, nombreuses dans les bordures des panneaux. Quittant Rome en 1447, il séjourna à Florence (1448) et à Venise (1449), avant de s'installer à Milan où Francesco Sforza, l'appela pour introduire dans une ville encore toute imprégnée de l'esprit gothique les nouveautés de la Renaissance.
La plupart des œuvres de cette période ont aujourd'hui disparu (tour du château, arc de triomphe, cathédrale de Bergame, etc.). Seuls subsistent l'Hôpital majeur et un traité d'architecture dédié à F. Sforza, relatant la construction d'une utopie, «La Sforzinda». Ce projet, fondé sur une vaste érudition, mêlait les souvenirs de la République de Platon à la tradition chrétienne pour imaginer une cité idéale. Il figure comme un jalon important dans la réflexion urbanistique de la Renaissance.
- Le siège de l' université de Milan
est installé dans l'ancien Hôpital Majeur (Ospedale Maggiore) fondé
en 1456 par Francesco Sforza d'après les plans du Filarète et
achevé trois siècles plus tard après l'intervention de
divers architectes comme le Richini.
- Chapelle funéraire des Colleoni à Bergame, dont les fresques
de Tiepolo sont du 17° siécle.
©®™—Sculpteur
célèbre pour ses bustes.
Mino da Fiesole se forma à Fiesole, près de Florence, auprès
d'un tailleur de pierre. Il suivit les leçons d'Antonio Rossellino,
avec lequel il collabora plus tard aux reliefs de la chaire de la cathédrale
de Prato. Il travailla à Florence, mais fit 3 séjours
à Rome (1454, 1463 et 1474 à 1480) et se rendit à
Naples en 1455. Parmi ses œuvres datées qui sont parvenues jusqu'à
nous, le buste
de Pierre de Médicis (1453, Florence) est connu pour être
le premier portrait en buste adoptant les caractéristiques de l'art de
la Renaissance, il sculpta également le buste d'Alessa da Lucamieri
(1456). Mino da Fiesole se spécialisa en effet dans l'exécution
de bustes en marbre, contribuant ainsi à la résurgence d'un genre
autrefois très répandu dans l'art grec et romain.
Presque tous les bustes de Mino da Fiesole représentèrent
des hommes (buste d'Astorgio Manfredi, 1455, Washington); celui qui révéla
le mieux la puissance de son style fut celui du banquier florentin Nicolò
Strozzi sculpté à Rome en 1454. Mino da Fiesole
exécuta également de nombreuses sculptures funéraires.
Parmi ses monuments les plus célèbres figurent le tombeau de
Paul II à Saint-Pierre de Rome et le tombeau Della Rovere
à Santa Maria del Popolo ainsi que le tombeau du comte Ugo de Toscane
à la Badia de Florence (1469), où son style trouva l'une de
ses plus hautes expressions.