La fin du 13° siècle annonce une période moins glorieuse pour l'Europe dont l'expansion économique était continue jusque là. Au 14° siècle apparaît des crises économiques comme le monnayage de l'or, les crises agricoles et surtout démographique avec l'épidémie de la Grande Peste (1347) qui ravagea l'Europe en tuant environ 30% de sa population. La crise religieuse se poursuit depuis que les papes sont à Avignon : En 1367 Urbain 5 ramène la papauté à Rome mais elle revient en Avignon en 1370. De 1378 à 1417 c'est la période du grand schisme pendant lequel parfois 2 papes sont élus en même temps (Ex : Clément 7 en France et Urbain 6 en Italie).
Ces rivalités religieuses ont cependant une influence positive sur l'art en Avignon en y rassemblant des artistes français et italiens chargés d'y construire et décorer le palais des papes.
A la mort de Philippe-le-bel ses trois enfants règnent sur de
très courtes périodes (Louis X : 1314-1316 - Philippe V :
1316-1322 et Charles IV : 1322-1328) et meurent sans progéniture.
Se pose alors le délicat problème de la succession au trône
de France, le prétendant direct étant .... Edouard
3 roi d'Angleterre (Sa mère était Isabelle, fille de Philippe-le-bel
qui avait épousé le roi d' Angleterre Edouard 2). Les seigneurs
français lui préfèrent bien évidemment Philippe
de Valois frère de Philippe-le-Bel (1328-1350) puis son fils
Jean 2 le Bon.(1350-1364). Ces événements, aggravés
par la volonté française de récupérer les terres
encore sous contrôle anglais, sont les "déclencheurs" de la
guerre de 100 ans qui débute en 1337 avec une première
trêve en 1345 (bataille de Crécy entre Edouard 3 qui en sortit
victorieux, et Philippe VI), et qui sera une longue succession de guerres
entrecoupées de trêves.
Cette période de l’art gothique apparaît aujourd’hui comme
l’une des plus importantes. Elle commence par ce qu’il faut bien
appeler une révolution stylistique. De nouvelles formes vont
s’imposer à l’Europe entière. Pour la première fois,
mais non la dernière, Paris devient la référence et
retient les plus grands artistes de l’époque. Ce triomphe gothique
éclate dans une Europe arrivée au sommet de son expansion:
riche, peuplée, ouverte, sûre d’elle-même, une Europe
qui a trouvé son rythme et son équilibre.
En même temps, les rapports entre les artistes et les commanditaires
sont marqués par un changement radical. Jusqu’à cette
époque, la commande relevait du monde religieux. Dorénavant,
l’intervention laïque devient prépondérante. Cette modification
des commandes ne pouvait rester sans influence sur le style. L’adéquation
entre la nouvelle classe de commanditaires et le style rayonnant rend compte
du succès de celui-ci. L’activité artistique rejoint,
comme si souvent, la politique; elle en devient une des composantes.
Les procédés techniques évoluent et de nouvelles
formes artistiques apparaissent (gout du noir et blanc et de la "grisaille"
dans les vitraux apportant une plus grande clarté, émaux
translucides, essor de la peinture sur bois (surtout en Italie), pratique
du portrait de représentation ressemblante ...
Le bouleversement le plus marquant touche l’architecture. Il s’établit suivant 2 axes complémentaires à l’intérieur de l’édifice :
A l’extérieur, la conception du monument est renouvelée. Le pilier fasciculé succédant au support chartrain enserre la travée depuis la base jusqu’aux retombées des voûtes. Le triforium est éclairé: la paroi de verre est repoussée à l’aplomb extérieur du mur afin d’établir au-devant un passage qui ménage des effets subtils de lumière. Les vides l’emportent définitivement sur les pleins. À l’intérieur se développe la cloison de verre, qui joue le rôle d’un tissu conjonctif. La personnalité de l’architecte se définit désormais par le graphisme des supports, des arcades, des baies. La réduction du mur, l’intrusion de la lumière créent une nouvelle conception spatiale, en même temps que les effets de clair-obscur répondent à une sensibilité toute picturale.
C’est lors des travaux de reprise du chœur de Saint-Denis que se fait jour cette nouvelle esthétique (1231). Elle s’accompagne d’un agrandissement spectaculaire du transept, dont les murs sont percés d’immenses roses et de l’abandon des doubles collatéraux prévus par l’abbé Suger au profit de l’élargissement du vaisseau central. Elle se retrouve a la Sainte-Chapelle (entre 1239 et 1248). Dans le dessin, on assiste à un abandon des formes volumétriques au profit de l’à-plat; les maîtres verriers privilégient le graphisme et simplifient la palette colorée (Sainte-Chapelle et quelques vitraux des parties hautes de la cathédrale d’Auxerre).
Les recherches se poursuivent afin d'obtenir de véritables cages de verre : le chœur d’Évreux (1260), Saint-Louis de Poissy (1299), Saint-Ouen de Rouen. En même temps, l’aspect calligraphique du dessin ne fait que s’accentuer. Le midi de la France, peu touché jusqu’alors par l’art gothique, s’inscrit dans ce courant maniériste lorsque les prélats décident de construire dans le dernier tiers du 13° siècle des cathédrales qui rivalisent avec celles du Nord. À Carcassonne (1269), l’architecte a résolu un délicat problème topographique en fusionnant abside, transept et chapelles en un seul volume. Les architectes de Clermont, Limoges, Narbonne, Rodez, Toulouse montrent en revanche leur indépendance en revenant au triforium aveugle, mais aboutissent à des effets spatiaux intérieurs par dilatation des volumes (Limoges, Narbonne).
Les ordres mendiants ont généralement adopté la nef unique pour des raisons qui ne sont pas seulement d’ordre financier, mais aussi religieux. On la trouve également dans les cathédrales et dans les églises paroissiales. Son volume intérieur était clairement défini par quatre murs, dont le couvrement pouvait être de pierre ou de charpente. Les masses extérieures ne sont pas moins évidentes, avec une enveloppe rectangulaire qu’aucun arc-boutant ne vient encombrer, les contreforts assurant la cohésion des maçonneries. La présence de chapelles ménagées entre les contreforts repoussés à l’extérieur de l’enveloppe. L’abside par son éclairement spectaculaire accentue la pénombre de la nef. Le midi de la France a retenu la formule dans la nef de la cathédrale de Toulouse. L’expression la plus accomplie en est la cathédrale d’Albi, tant par l’ampleur du volume intérieur que par la masse extérieure de l’édifice. Aux Jacobins de Toulouse, l’enveloppe est cernée par les murs extérieurs, les colonnes ne jouent aucun rôle dans la définition du volume intérieur.
La nef de la cathédrale de Strasbourg (1240), la cathédrale de Cologne (1248) marquent la rupture définitive de l’Empire avec l’esthétique romane. Les artistes adoptent l’esthétique gothique dans son expression maniériste. L’architecte d’Aix-la-Chapelle réduit le mur à sa plus simple expression. Les architectes ont cherché la synthèse entre l’église-halle et l’église à collatéraux: les hauts supports n’interviennent guère en effet dans les églises des ordres mendiants (Colmar, Erfurt, Ratisbonne).
- Abbaye cistercienne de Chorin : Architecture originale avec sa façade tout en briques.
Les architectes anglais ont rejeté la conception française
de la travée, dont la conclusion logique est la clé de voûte,
au profit d’un couvrement unificateur. La conséquence a été
la libération totale de l’ogive. Elle envahit la voûte à
Exeter
pour aboutir sur une lierne centrale. Dans la salle capitulaire de Wells,
les ogives jaillissent du pilier central comme des baleines de parapluie.
Certains architectes, pour obtenir des réalisations plus extraordinaires,
ont renoncé à la pierre au profit du bois.
La deuxième originalité de l’architecture anglaise est
son décor qui a précisément donné son nom à
cette période: decorated style . Décor qui ne se rajoute
pas au monument, il participe à sa tonalité. La chapelle
de la Vierge, à la cathédrale d’ Ely (1321-1349),
en marque l’aboutissement: la partie basse est pourvue d’une arcature établie
sur plusieurs plans; la partie haute est entièrement percée
de baies. L’architecte de Wells (1338) ne s’est pas montré moins
audacieux en lançant des arcs tête-bêche pour renforcer
les piliers de la croisée. La dernière originalité
de l’architecture anglaise concerne le traitement de l’espace.
- À Ely, après l’effondrement de la tour lanterne de la
croisée du transept, l’architecte a abattu les angles pour établir
un octogone ménageant des échappées visuelles exceptionnelles.
- A Gloucester : Exemple de "decorated style" par le rhabillage
des arcades romanes et la mise en place de voûtes gothiques à
réseau; le cloître a un merveilleux voûtement en éventail
constitué de cornets creux (milieu du 14° s)
Les architectes espagnols ont tenté une synthèse entre la nef unique et la nef à collatéraux, en dressant les voûtes des collatéraux à la même hauteur que celles du vaisseau central . À la fin du XIIIe siècle, les architectes florentins s’inscrivent dans une conception assez proche tout en réussissant une étonnante synthèse entre la conception gothique et la tradition paléo-chrétienne alors redécouverte.
- Sainte-Marie-de-la-Mer, Barcelone, (1328). 3 nefs à collatéraux étroits. Supports polygonaux, sobriété de l'architecture; les vitraux sont du 15° siècle.
Le gothique se propage via les ordres mendiants (Dominicains et Franciscains). On y construit de grandes églises :
- Sainte Marie nouvelle (Florence) : Trois nefs, arcature des arcs doubleaux
en pierres alternativement brune et blanche
- Sainte Croix de Florence (construite par Arnolfo di Cambio et débutée
en 1295). Trois nefs a 2 niveaux, la nef centrale très
large est charpentée.
- A Sienne au 14° siècle, réalisation de la place
et du palais public (1290-1310) à corps central primitif. Au 14°
siècle on a rajouté la très haute tour symbole de
Sienne.
Dorénavant, la sculpture manifeste une certaine indépendance par rapport à la colonne ou à la niche qui l’abrite. À la Sainte-Chapelle, les statues d’apôtres ne sont plus des statues-colonnes, elles sont accolées au support. Un nouveau canon est adopté: 1/7e pour la tête par rapport à la totalité du corps, au lieu du 1/6e traditionnel. La draperie, autrefois chargée de créer le volume, en devient l’expression: tout se passe comme si le sculpteur avait d’abord conçu un nu. Les plis qui se cassent aux pieds, qui se creusent profondément pour accrocher la lumière, s’inscrivent dans cette optique. La froide sérénité qui marquait les visages fait place à une humanité et a une élégance des traits qui enveloppe toute l’œuvre .
La
nouvelle esthétique s’impose en sculpture comme elle s’était
imposée en architecture, sur les mêmes chantiers: à
Bourges,
au jubé et au portail central; à Auxerre, à
la façade occidentale; à Amiens, au portail de la
Vierge dorée; à Reims, de façon diffuse. Les
artistes novateurs travaillent côte à côte avec les
artistes plus traditionnels, ce qui produit sur le même chantier
des distorsions stylistiques dont Reims est l’exemple le plus célèbre:
la Visitation est contemporaine de Joseph. Il en est de même
à la façade occidentale d’Amiens (1240). Les hésitations
disparaissent au portail du bras sud de cette même cathédrale,
avec la Vierge dorée, et à Reims, au revers de la façade
occidentale. En même temps apparaît une interprétation
nouvelle du relief : la dalle de pierre est profondément creusée
à Reims pour donner un puissant volume aux figures; à Auxerre,
les personnages sont traités en très bas relief.
Dès 1260, les formes se trouvent renouvelées à Notre-Dame de Paris par des recherches maniéristes : le tympan du portail Saint-Étienne, aussi bien par sa composition que par les effets obtenus grâce au traitement de la draperie. Les sculpteurs réunis sur le chantier de la cathédrale de Rouen à partir des années 1280 s’inscrivent dans ce courant, qu’ils poussent jusqu’à son point ultime: groupement de statues, liberté de traitement, formes élancées. Une réaction assez violente se manifeste vers 1290 au profit d’un nouvel équilibre entre le monumental et le maniérisme (Saint-Louis de Poissy). Celui-ci s’est poursuivi sur les grands chantiers durant la première moitié du XIVe siècle (clôture du chœur de Notre-Dame, Saint-Jacques-de-l’Hôpital, Saint-Sépulcre, à Paris) avec une production très ample, mais de qualité variable. La sculpture funéraire tient une place particulière. Le rôle du commanditaire est plus affirmé, ses goûts le portent vers des recherches subtiles, rendant compte du succès de nouveaux matériaux qui succèdent à la pierre: le marbre blanc pour le gisant, noir pour la dalle (Isabelle d’Aragon, Saint-Denis). Paris n’est pas le seul foyer de la sculpture : Troyes, Mussy-sur-Seine, la Lorraine, mais surtout le Sud-Ouest, qui découvre la puissance de la sculpture gothique (Carcassonne, Bordeaux).
- Tombeau de Robert d'Artois mari de Mahaut (St Denis) en marbre. La
statue en ronde bosse (sculptée par Jean Pépin de Huy) le
représente en chevalier idéalisé au visage rond et
juvénile
-
Gisant de Charles 5 (de André Beauneveu 1365) en costume du sacre
tenant le sceptre et la main de justice aux traits réalistes. Marbre
blanc de très grande qualité considéré comme
un chef d'oeuvre de l'époque.
- Statue de la vierge à l'enfant (Lisors) Très
hanchée, le manteau est ramené en tablier sur le devant.
En calcaire polychrome cette statue comportait des inclusions de verroterie.
- Vierge à l'enfant (Metz). Les doigts sont fuselés,
le manteau ramené en tablier forme des plis à bec. Cette
statue en ronde bosse est également sculptée au revers
- Vierge à l'enfant en albâtre (1375) conservée
à Narbonne. Silhouette "pyramidale", gestes fluides
Comme pour l’architecture, l’Empire a adopté en sculpture sur le
chantier de Strasbourg l’esthétique nouvelle. Le jubé
(vers 1255) souligne la complexité des rapports des sculpteurs avec
Paris. Il s’y affirme une liberté qu’on retrouve à Bamberg,
et surtout à Nuremberg (après 1249). Les artistes
restent attachés à une conception monumentale de la sculpture,
refusant toutes les recherches maniéristes.
Le chantier qui s’ouvre à Strasbourg, en 1280, pour la façade
occidentale devait attirer de nouveaux talents. L’entreprise est l’une
des plus ambitieuses et des plus remarquables de l’époque. L’iconographie
s’y trouve renouvelée, avec l’apparition de nouveaux thèmes
(Vierges folles et Vierges sages, trône de Salomon...). Les statues
des piédroits sont adaptées aux niches qui les abritent.
La draperie redevient un élément essentiel du volume, favorisant
les recherches maniéristes. Les ensembles conservés de Fribourg-en-Brisgau,
ou détruits de Bâle, s’inscrivent dans ce nouveau courant.
C’est encore de Strasbourg que part une nouvelle impulsion lors de la réalisation
de la chapelle de la Vierge (1331-1349). Dès cette époque,
l’ouverture d’un autre grand chantier souligne les nouveaux rapports établis
dans l’Empire avec l’art parisien : Cologne (avant la consécration
en 1322).
-
St Jean endormi sur l'épaule du Christ (bois) dégageant une
profonde sensibilité
- Vierge de pitié tenant sur ses genoux le Christ mort après
sa descente de croix.
Le chantier de Westminster, de par la volonté du roi Henri III, a été d’obédience française. Ailleurs les sculpteurs anglais hésitent entre une tradition insulaire qui s’essouffle vite et un apport étranger. À Lincoln (dès 1256), ils reviennent à une conception plus traditionnelle, ailleurs les hésitations sont constantes, ce qui explique l’extraordinaire diversité des réalisations. Le choix s’affirme enfin lors de l’exécution des croix dressées par le roi Édouard Ier en souvenir de sa femme Éléonore (morte en 1290). Il se fonde sur un juste équilibre entre l’architecture et la sculpture, le volume du corps et les draperies. Ce choix se retrouve également dans les gisants d’Henri III et d’Édouard Ier. Comme à Paris, l’intervention royale est manifeste dans la définition du style.
Appel à des artistes étrangers (Français, Italiens surtout) qui se déplaçent de chantier en chantier. Ainsi s’explique la mosaïque stylistique que l’on observe dans ce pays. Aucune région, aucun artiste ne réussit à imprimer sa marque personnelle. L’attachement à certaines formules romanes devait se prolonger jusqu’à une date avancée du XIIIe siècle. À Burgos, la rupture n’apparaît que dans les parties supérieures de la cathédrale. Le cloître est remarquable par sa diversité de style, par son iconographie (porte), les références demeurant nordiques. Il faut signaler enfin les chantiers des cathédrales de León et de Tolède; sur le chantier de la cathédrale de Tolède, la présence d’artistes italiens est mentionnée.
- Chaire de la cathédrale de Sienne (1267)
- Tombeau mural à étages du cardinal
de Braye . Oeuvre monumentale exécutée par Arnolfo di Cambio
- Mosaïque de Jacopo Toretti : Couronnement
de la Vierge par Jésus.
Les orfèvres abandonnent les châsses traditionnelles pour un schéma inspiré de l’architecture (Saint-Taurin à Évreux); ils acceptent le nouveau rapport de leur sculpture miniaturisée avec l’architecture. Ces recherches maniéristes, qui puisent dans les effets d’ombre et de lumière, se retrouvent dans l’ enluminure. La composition est plus libre, le dessin plus délié, les plis soulignés. Enfin et surtout, la palette s’allège jusqu’à laisser deviner le support, le parchemin. La Bible du cardinal Maciejowski et surtout le Psautier de Saint Louis sont parmi les premiers témoignages de ce style aisé.
Afin d'illuminer les vitraux, on emploie dés le début du 14° siécle des couleurs de plus en plus claires sur des verres de plus en plus minces. Les grandes dimensions de certains de ces vitraux nécessitent d'établir un "treillis" de pierres minces (meneau, barbotiére et vergette) pour qu'il résistent à la pression du vent. Apparaissent de nouveaux colorants comme le jaune d'argent. La maitrise technique des maitres verriers leur permet d'obtenir un niveau de détail proche de la peinture (Vierge à l'enfant de la cathédrale d'Evreux)
- Eglise St Ouen de Rouen : Reconstruction du choeur: Vitrail des prophètes de 1238
Souvent commandées par des princes et des dignitaires les oeuvres d'art somptuaire sont généralement offertes aux églises
- Reliquaire du St Sépulcre (Pampelune) : Scène de l'ange
assis sur le tombeau du Christ accueillant les saintes femmes alors que
les soldats de la garde sont endormis
- Emaux cloisonnés sur or appelés émaux
de plique (dont les cloisons sont maintenus par une monture d'argile
le temps de la cuisson)
Cette période est marquée par un trait assez fréquent dans la création artistique, celui de la miniaturisation, donc à échelle réduite des œuvres monumentales. Les exemples sont fréquents dans l’ivoire (Couronnement de la Vierge , Descente de Croix , musée du Louvre) dont la production est abondante.
- Statuette de Villeneuve-les-Avignon de la Vierge assise à l'enfant
polychrome. Observer les plis à bec des drapés fluides
- Triptyque de St Sulpice du Tarn
Dès la génération suivante, des peintres manifestent une certaine liberté qui s’explique, pour une grande part, par la connaissance directe ou indirecte de l’art italien: Gérard David (1460-1523), Juste de Gand, Hugo Van der Goes (mort en 1482). Cette complexité des rapports avec l’Italie touche également l’œuvre du peintre français Jean Fouquet (mort en 1481) après un voyage en Italie (avant 1447). Les peintres espagnols sont soumis à de semblables tendances. Ils demeurent attachés à la tradition de la Flandre, et certains artistes comme Lluis Dalmau (1431-1460), par exemple, n’hésitent pas à s’y rendre. Après de multiples hésitations, nombre de peintres se laisseront gagner par l’esthétique italienne.
Oeuvres présentées- Bréviaire de Philippe-le-Bel :
Enluminure de l' "onction de David par Samuel" en partie haute et "Combat
de David et Goliath" en partie basse.
- Panneau peint sur bois du roi Jean-le-Bon sur fond d'or. Oeuvre primordiale
d'influence italienne
- Codex de St Georges avec une scène éponyme du combat
contre le dragon
- Décors de fresques du palais des papes exécutés
par des équipes françaises et italiennes. Remarquez la maîtrise
de la perspective
Le
Nord et l’Italie poursuivent chacun une voie qui s’affirme dans son autonomie.
Dans l’Italie du XIIIe siècle, la référence fondamentale
reste l’esthétique byzantine, avec laquelle Pisano et Giotto
ont réussi à rompre. Nicolas Pisano, en sculpture,
renouvelle fondamentalement la formule lorsqu’il exécute la chaire
du baptistère de Pise (1260). Il fonde sa nouvelle esthétique
sur une connaissance très approfondie de l’art antique sur lequel
les artistes de Frédéric II avaient déjà attiré
l’attention et dont il avait admiré quelques sarcophages au Campo
Santo; mais aussi sur la sculpture française du début du
XIIIe siècle, qu’il avait sans doute connue directement. Ses deux
adjoints lors de l’exécution de la chaire de Sienne (1265), Giovanni,
son fils, et Arnolfo di Cambio, adoptent une voie différente.
Le premier se veut «gothique», si l’on en croit les œuvres
destinées à la façade de la cathédrale de Sienne
(1314-1319), et réalise à la fin de sa vie la synthèse
entre cette esthétique et l’art antique. Quant à Arnolfo
di Cambio (mort en 1302), il tente de renouer avec une conception plus
monumentale lors de l’exécution d’importantes commandes: par exemple
le saint Pierre coulé en bronze à Saint-Pierre de Rome.
Giotto fait le pendant à
Giovanni
Pisano (1266 ou 1267-1337). Il rompt lui aussi avec la
tradition byzantine et témoigne d’une culture nordique tout aussi
affirmée. Dans la chapelle Scrovegni à Padoue, dans
les chapelles Bardi et Peruzzi à Santa Croce de Florence, Giotto
a maîtrisé la question du rapport entre le monde plan et l’espace
et réussi à exprimer l’histoire dans son mouvement. C’est
cette inquiétude qui le conduit à prendre en compte l’architecture
et la sculpture (campanile de Florence). À Sienne, Duccio
(1260 env.-1380) s’oppose essentiellement à cette conception monumentale
lorsqu’il exécute la Maestà (1308-1311). Il fait éclater
dans toute sa production un goût pour les jeux de courbes et les
couleurs saturées, montrant ainsi qu’il participe au gothique international.
Simone Martini se rallie à cette esthétique dont il
assure le succès par une aisance du dessin et un coloris d’une rare
subtilité. Les deux frères Lorenzetti restent étrangers
à ce raffinement extrême au profit d’un goût certain
pour la narration. Dans sa conception monumentale, Ambrogio montre
une ouverture à l’art de Giotto, resté jusque-là étranger
à l’école siennoise.
Le prodigieux mouvement lancé dans l’Italie du Nord par Giotto
et par Duccio sera brutalement interrompu par la Peste noire en 1348. La
moitié de la population des villes de Florence et de Sienne disparaît.
Le traumatisme est si fort qu’il provoque un accroissement des commandes
au contenu religieux, les artistes demeurant fidèles à la
double tradition du début du siècle. La rupture définitive
avec le passé devait se réaliser au début du siècle
suivant avec Donatello et Masaccio.
Un siècle plus tôt que dans les autres pays d’Europe,
une voie nouvelle était ainsi tracée en Italie qui devait
bouleverser à tout jamais le monde de l’art. La rupture qui se fait
jour de la sorte en Italie aurait pu se réaliser plus tôt
dans certains pays du nord de l’Europe. Certains esprits y étaient
prêts. La reprise de la guerre de Cent Ans a sans aucun doute interrompu
un processus et a même provoqué un retour en arrière.
Le mouvement reprit son cours normal dans la seconde moitié du XVe
siècle, la paix étant revenue. L’adoption du style nouveau
n’obéit à nul phénomène mécanique: elle
est liée à une nouvelle conception du monde, celle de l’humanisme.
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Gothique du 13° siècle en France et
en Europe
Gothique international (fin 14° et 15° s)