L’effondrement des royaumes mycéniens, et donc des systèmes palatiaux,
s’accompagnent de la disparition, pour 4 siècles, de l’écriture.
Ce sont les «âges obscurs» conséquence des menaces extérieures qui se précisent;
preuve en est l'effort de fortifications à partir de 1300 confirmant l'arrivée
de guerriers pillards venus du Nord-ouest comme les Doriens.
Au crépuscule de cette civilisation, la maladresse du dessin, la schématisation des figures, à Mycénes et dans d'autres sites, montraient déjà que c’en était fini du raffinement des palais.
Traditionnellement, dans le domaine des arts, cette période se divise en 2 époques : Proto-géométrique et Géométrique (qui se poursuit environ un siècle au-delà des âges obscurs).
Avec le monde nouveau qui est en train de naître aux Âges obscurs, la liaison
artistique s’établit presque uniquement, par la céramique qui nous renseigne
sur les tendances et les goûts de l'époque, puisque toute civilisation, ne peut
se passer de récipients, puisque la terre, dont les gisements utilisables sont
nombreux en Grèce, est facile à modeler, puisque les ateliers, même de toutes
petites villes, gardaient encore le souvenir des magnifiques productions du
temps passé.
On ne peut parler en effet d’architecture : les roitelets qui règnent
alors sur les innombrables cantons de la Grèce sont trop pauvres
pour faire édifier des constructions; et les palais dont parle Homère
sont ceux de l’époque mycénienne. De temples, on n’a pas
trace, les seuls passages de l’épopée qui en fassent mention,
sont tardifs, et ce n’est guère qu’au début du VIIe siècle
que l’on trouve les ruines de modestes chapelles où s’abritaient
les dieux.
La sculpture, qui d’ailleurs avait été fort mal représentée
durant la période mycénienne, est elle aussi presque inexistante:
on ne peut faire état que de minuscules figurines de terre cuite
ou de bronze.
Les vases, au contraire, nous sont parvenus en quantité: certains
accompagnaient le mort dans la tombe pour répondre aux exigences
d’un être dont on pensait qu’il avait les mêmes besoins qu’un
vivant, d’autres contenaient le cadavre lui-même ou ses cendres,
d’autres enfin étaient placés sur la sépulture et,
percés au fond, servaient d’entonnoirs aux libations qu’on versait
dans la fosse pour apaiser le défunt.
On les fabriquait dans tous les secteurs du monde hellénique,
et l’on a pu reconnaître, suivant les régions, des écoles,
des ateliers qui se distinguaient les uns des autres par le choix des formes
et surtout par la disposition du décor, de couleur noire ou rougeâtre
selon l’intensité de la cuisson et qui se détachait sur le
fond grisâtre ou beige de la terre.
Décor très simple au début, qui se complique par
la suite. Restreint d’abord aux parties les plus visibles du récipient
– sur la panse au niveau des anses, sur le col –, il occupe peu à
peu une place de plus en plus considérable, mais, dans son principe,
il reste abstrait et géométrique: d’où le nom de période
géométrique donné à cet ensemble des trois
ou quatre siècles qui marquent le début de l’âge du
fer.
L’extrême pauvreté des motifs choisis par le peintre contribue à donner au vase
tout entier une clarté qui révèle un des aspects de l’esprit grec : c'est
une bande ondulée qui fait le tour de la panse en sa plus grande largeur, des
suites de cercles ou de demi-cercles alignés entre deux traits, ou bien déjà
un méandre au-dessous de l’embouchure. Nulle figure animée sauf, sur 3 ou 4
vases vraiment exceptionnels.
Les vases de cette période sont construits avec beaucoup plus
de rigueur, un sens des proportions, de l’équilibre et de l’aplomb
beaucoup plus poussé que ceux des temps mycéniens, mais c'est
encore une période de tâtonnement, les potiers cherchent des
formes de plus en plus solides et rassurantes pour l’œil.
Les oeuvres présentées :
Beaucoup de céramiques trouvées au cimetière d' Athènes dans le quartier du Dipylon
- Amphore funéraire: 1m55 de haut, au décor en registres
horizontaux délimités par des lignes régulières,
motifs essentiellement géométriques avec au niveau des anses
un registre figurant une scène de personnages aux formes géométriques
(visage et corps anguleux)
Apparition des cités-états. Sparte et son organisation militaire, Athénes qui aprés une période marquée par la tyrannie se dirige vers un type d'organisation sociale qu'il fallait inventer : la démocratie et, un peu plus tard l'ostracisme (dans son sens antique : exclusion, rejet d'une personne par le peuple; ce jugement devait atteindre les citoyens trop avides de popularité ou à qui leurs actes avaient valu une popularité jugée excessive)
C'est dans la phase proprement géométrique (fin 9e siècle jusque, selon les régions, 8e ou 7e siècle) que les formes des objets se fixent d’une façon presque définitive. Elles correspondent, le plus étroitement possible, à l’usage auquel elles sont destinées :
- L’ amphore, avec ses 2 anses et son couvercle, sert au transport du vin ou de l’huile (2 types : l’un avec une panse rebondie qui s’incurve doucement au sommet pour aboutir à l’embouchure, l’autre avec une épaule accentuée et un col cylindrique souvent assez développé).
- L’hydrie, que les femmes portent sur la tête pour aller chercher l’eau à la fontaine, comporte une troisième anse, verticale, qui permet d’incliner le récipient pour le vider.
- Le cratère sert à mélanger les vins, d’où sa très large ouverture.
- Les vases à boire sont tantôt un peu trapus, bas sur pied et flanqués de grandes anses, tantôt ils ressemblent aux bols actuels.
- Les pyxides sont des coffrets aplatis, circulaires, dans lesquels on peut ranger bijoux ou onguents.
Les motifs choisis pour décorer ces vases sont extraordinairement peu nombreux
: chevrons, hachures, triangles ou losanges, et surtout des méandres et des
croix gammées. D’abord isolés en tableaux en des places bien en vue, ils s’organisent
assez vite en registres superposés, chaque
registre entièrement occupé par le motif; les mêmes figures peuvent être utilisées
sur le même vase dans plusieurs zones, mais l’artiste alors s’est arrangé pour
les présenter différemment et changer leurs proportions. Des compositions de
ce genre sont souvent remarquables par la façon dont les éléments s’harmonisent,
et l’on admire la sûreté du calcul qui a présidé à la répartition des registres,
on reste confondu qu’un répertoire si pauvre donne une telle impression de variété,
on n’est pas moins étonné devant cette horreur du concret, ce refus de s’inspirer
d’éléments fournis par la nature, en un temps où les poèmes homériques célèbrent
au contraire la vie sous toutes ses formes.
Chose étrange, c’est pour honorer les morts qu’apparaissent d’abord des figures vivantes. Dans la première moitié du 8e siècle, à Athènes, des potiers fabriquent pour les plus nobles familles d’énormes vases qui atteignent jusqu’à 1,70 m de haut et qui prenaient place sur les tombes que signalait leur masse imposante.
Ce sont des cratères ou des amphores qui signalent la sépulture,
et servent aux libations rituelles. Pour commémorer le souvenir des cérémonies
nécessaires à la paix du défunt, l’exposition du corps, son transfert au cimetière
sont représentés en un tableau de toutes parts encadré par les motifs abstraits
habituels. Autour du mort, sa famille et ses serviteurs se lamentent et s’arrachent
les cheveux. Dans une zone secondaire, sous le tableau principal ou bien au
revers, on représente les combats dans lesquels il s’est illustré ou la suite
de ses soldats. D’emblée la composition apparaît fixée une fois pour toutes,
sans tâtonnement, ni essai préalable: ce qui permet de conclure que c’est surtout
pour des raisons religieuses, pour apaiser des morts très jaloux et exigeants
que la figure humaine a fait son apparition dans l’art grec.
Ces figures sont schématiquement traitées : la tête est un cercle, le torse un triangle dont la base correspond aux épaules, les jambes filiformes Le geste des pleureurs dessine un trapèze et ces silhouettes qui se détachent en noir sans le moindre détail sont si simplifiées qu’il est parfois malaisé de distinguer hommes et femmes. On a l’impression que ces tableaux sont des pictogrammes, plus faits pour être lus et interprétés que pour atteindre la sensibilité du spectateur. Les gestes et les attitudes sont vigoureusement indiqués, tout comme, pour qu’on reconnaisse leur qualité, les guerriers sont pourvus d’épées, de boucliers et de casques à aigrettes.
La métallurgie
fait de réels progrés mais l'on ne discerne pas aussi nettement qu'ailleurs
le passage du bronze au fer (vers 1015) dont on fait l'usage surtout par nécessité
étant donné la pénurie d'approvisionnement en cuivre à cette époque, alors que
le fer se trouve facilement en Grèce. Autant que possible les grecs continueront
à produire des objets en cuivre.
Les chevaux attelés aux chars sont eux aussi stylisés
au maximum. Images de cérémonies purement grecques, correspondant
à des idées purement grecques, elles n’empruntent aucune
forme à l’Orient, elles transposent dans le domaine figuré
des motifs utilisés jusque-là dans une intention abstraite.
C’est dans le même esprit géométrique que sont,
à la même époque mais dans d’autres secteurs de l’hellénisme,
traités ces bestiaux, ces chevaux de terre cuite ou de bronze qu’ont
exhumés les fouilleurs dans les couches les plus profondes du sanctuaire
d’Olympie: les mêmes traits les caractérisent; destinés
à remercier ou à exhorter des dieux grecs, ils sont une émanation
directe de l’hellénisme tel qu’il existe alors.
Les oeuvres présentées
- Sanctuaire d' Olympie du 10° s : Ex voto en métal à la cire perdue représentant
une ronde de personnage. Le modelage initial à la cire est sommaire, il s'agit
plus de silhouettes car le corps ni le visage ne comportent de détails.
- Plusieurs ex-voto, en métal, de chevaux : Cheval caractéristique de Sparte
à l'encolure large, tète très allongée, jambes longues, queue jusqu'au sol;
sur une base décorée au verso de motifs géométriques ou parfois ajourée.
- Cheval de style corinthien (10 cm)
aux formes très différentes : Jeu de courbes, jambes et corps sans épaisseur,
tête courte; sur un socle ajouré - Figurines humaines en métal
de Olympie et de Thébes
- Guerrier au bouclier en métal (Thessalie) très caricaturé presque grotesque
: cou anormalement épais, petite tête, disproportion du sexe et des mollets
- Idoles "cloches" de Béotie (700) en terre cuite bâtie au tour puis aplatie,
aux jambes mobiles sous la jupe en cloche, celle-ci est peinte d'un dessin géométrique
central, et animalier de part et d'autre.
- Chaudron (900). Il s'agit d'une copie du 20° s d'un chaudron, à trépied rivé,
avec 2 anses décoratives (1m50 de haut). A l'origine ustensile de cuisine devenu
ex-voto
- Triade Appolinaire de Dréros (700) : statue de culte en métal creux
représentant Apollon (80cm de haut), sa mère et sa soeur plus petites. Cette
oeuvre est réalisée selon une technique de martelage et assemblage des pièces
par rivetage ??. Apollon est ainsi constitué de 30 plaques travaillées et formées
puis assemblées par rivetage, peut-être sur une âme en bois à l'origine.
- Plan d'un Heroon (en l'honneur des héros de la cité) en Eubée à Lefcandi
(950). C'est un bâtiment de 45 m de long aux murs en briques crues de 45 cm
d'épaisseur sur moellons. Une colonnade extérieure en rotonde annonce les premiers
temples. Au centre du bâtiment 2 fosses: la supérieure contenant les squelettes
de 4 chevaux et l'inférieure la dépouille d'une jeune femme
Vers ~800 le trafic avec la Syrie du nord et l' Eubée sont l'occasion
de redécouvrir certaines techniques.
Vers 750 invention de l'écriture grec, à partir
de la base de l'alphabet phénicien auquel ils ajoutent les voyelles
pour "coller" au rythmes des poésies épiques. Parmi les poèmes
réécrits avec ce nouvel alphabet "pourrait figurer" une version
de l' Iliade et de l' Odyssée ... avant la naissance d' Homére
(9° s) qui était aveugle ...
On n’ignore pas, au 8e siècle, ce qui s’est fait de l’autre côté de la mer Égée; des statuettes d’ivoire trouvées à Athènes sont de toute évidence imitées de l’Orient, tout comme, en Crète, certains bronzes ciselés ou tels récipients de métal. Sur les vases attiques qui présentent les scènes funéraires décrites plus haut apparaissent en des emplacements secondaires des files d’animaux, des cerfs notamment, qui, disposés les uns derrière les autres dans des attitudes stéréotypées, semblent bien être la transcription de ces décors que les tapisseries et les broderies orientales commençaient à diffuser dans la péninsule balkanique.
Au 8° siècle l'écriture syllabique (Linéaire B) est remplacée par le premier véritable alphabet, inventé au 9° siècle par les phéniciens.
Les cités ne pouvant plus nourrir une population en forte croissance démographique, des colons quittent la Gréce continentale pour s'installer sur le pourtour méditerrannéen, avec une forte concentration en Sicile et en Italie (que l'on va appeler la grande Gréce). Ils vont faire rayonner l'héllénisme (Thales, Pythagore...)
Il faut comprendre par ce terme orientalisant que, si les grecs se sont
trouvés sous influence orientale durant cette période, après un temps d'assimilation,
l'art qui en découle leur est propre et qu'il n'est en rien une copie.
Quand l’écriture réapparaît (vers ~800), ce n’est plus seulement pour
noter des comptes mais pour publier des dédicaces et bientôt des décrets.
Dans la seconde partie du 8e siècle, la navigation se développe considérablement,
les mers semblent plus sûres que par le passé, moins infestées de pirates, les
bateaux sont plus solides; et commence alors cet énorme mouvement de colonisation
qui, à tous points de vue, a joué dans la vie des Grecs un rôle important.
Dès lors s’établit un courant constant entre la mer Égée d’une part, Chypre,
les côtes syriennes et le delta du Nil d’autre part. Les marins rapportent dans
leurs bagages toutes sortes de petits objets, des vases, des broderies, des
statuettes . Et, pendant tout le 7e siècle, des motifs étrangers à l’hellénisme,
tirés de la flore, des images d’animaux inconnus dans les Balkans ou bien de
monstres sont reproduites par les décorateurs. Ce qui a valu à ce siècle le
nom de période orientalisante, nom impropre à vrai dire, car si l’influence
de l’Est est alors indéniable, bien d’autres traits ne sont pas moins frappants.
En Gréce le peu de terres fertiles impose ces réseaux d' échanges et une colonisation indispensable vers le sud de l' Italie, le pourtour de la Sicile, la Corse, l'Espagne, à Marseille (600) et sur le pourtour de la Mer Noire (Pont Euxin).
De leur coté les Phéniciens, depuis Tyr et Sidon vont à l'assaut des mers et du monde Étrusque, à Rhodes, Chypre et en Espagne à la recherche d' étain, de cuivre et objets orientaux.
Aucune période, ne fut plus féconde, et l’on peut dire qu’à son terme les cadres mêmes de l’art grec étaient bâtis. Toutes les tendances, toutes les aspirations se manifestent d’un peuple qui se cherche lui-même et qui, tout en s’ouvrant aux richesses de civilisations qui lui sont étrangères, sait à la fois reconnaître ce qui, dans ces richesses, correspond à son tempérament et tirer de son propre fond des créations originales. Le bouillonnement de cette époque n’est pas restreint : consolidation du régime de la cité, sursauts des aristocraties menacées par les revendications sociales ou l’établissement de tyrannies, efforts de codification pour donner à l’État l’exercice de la justice, expansion de l’hellénisme à travers la Méditerranée et son annexe la mer Noire, tel est le fond du tableau sur lequel s’inscrivent la multiplication des centres d’art, le développement de la production artisanale, le renouvellement des thèmes décoratifs, enfin la naissance des techniques majeures, architecture et plastique.
Ils se développent beaucoup plus que par le passé, et de façon plus modeste, du fait
que la clientèle s’accroît : nouvelles cités et apparition d' une classe intermédiaire
entre le prolétariat et la noblesse; qui dispose de certains moyens, car c’est
elle qui développe l’activité artisanale et commerciale et qui achète le plus
des objets plus ou moins précieux, et sans doute cherche-t-elle à rivaliser
avec l’aristocratie en commandant ces bijoux dont la plupart ont disparu, ces
riches vêtements dont les peintres de vases ont vêtu leurs personnages et quelques-unes
des statuettes ou des coffrets en ivoire dont l’époque était friande.
À l’Orient, on n’emprunte pas seulement des matériaux nouveaux; certaines formes
de vases inconnues auparavant ont leur origine à Chypre ou plus loin encore,
en particulier ces flacons à parfum, aryballes et alabastres,
dont le succès est d'autant plus grand qu’en cette époque où se développe le
goût du sport les jeunes athlètes y placent l’huile parfumée pour oindre leur
corps. Sur ce genre de vases, les motifs exotiques sont transcrits tels quels,
et leur étrangeté est un attrait de plus pour des gens que passionnent alors
les aventures d’Ulysse. Les motifs que l’on éparpille autour d'animaux plus
ou moins étranges pour meubler les vides ne sont plus géométriques: ce sont
des palmettes, des rosettes et autres éléments stylisés d'après la flore. Dans
certaines régions, on badigeonne la terre du vase d’un engobe ivoire, et, on
multiplie, autour des silhouettes noires, des taches de vives couleurs pourpres,
violacées ou blanches. C'est là une réaction très marquée contre l’austérité
du style géométrique, une manifestation de gaieté et de fantaisie qu’on peut
mettre en liaison avec cette "poussée de sève" dont de son côté témoigne l’histoire
du pays.
À peine sensible dans des provinces écartées comme la Béotie, cette réaction
est violente près des ports qui jalonnent les routes vers l’Asie. Et si Rhodes
se montre docile aux influences de l’Est, Athènes ou Corinthe nuancent plus
ou moins fortement d’hellénisme ce qu’elles empruntent à l’étranger. Les œnochoés
(cruches à vin) à la lourde panse qu’on fabrique dans le Dodécanèse et sur la
côte asiatique offrent, une transcription fidèle des motifs brodés sur les tissus
d’Anatolie, longues files d’animaux paissant ou marchant les uns derrière les
autres, oiseaux héraldiquement affrontés.
Les artistes corinthiens, eux, paraissent avoir hésité entre 2 directions; les uns se lancent à corps perdu à la suite de ce que l’Orient avait créé de plus étrange en même temps que de plus vivant: une faune inconnue en Grèce, des lions, des panthères, des sphinx ou des sirènes constituent des motifs qui foisonnent sur de petits vases à parfum, au milieu de rosettes ou d’étoiles qui remplissent les vides entre les figures. Mais, vers le milieu du 7e siècle, le style protocorinthien magnifique n’hésite pas à donner une place de choix à l’être humain: sur des aryballes de tout petit format, des guerriers enlèvent une femme ou se battent, et sur les registres secondaires se présentent d'autres scènes plus banales ou des motifs décoratifs. De dimension moins réduite (25 cm), la célèbre œnochoé Chigi (villa Giulia, Rome) montre en 3 frises superposées des chiens poursuivant des lièvres, une chasse au fauve, un double rang d’hoplites prêts à s’affronter au son de la musique. L’action est rendue de façon très vivante en même temps que très décorative.
Vers
la même époque, les peintres d’Athènes, sur des vases qui, eux, sont
de format beaucoup plus considérable, donnent une place plus importante à l’action
: largement étalés sur la vaste surface de cratères, d’amphores ou d’œnochoés,
des princes défilent en cortège solennel, La composition, de caractère
dramatique, est monumentale; les figures sont assez grandes pour que l’artiste
ait pu donner non seulement à leurs gestes, mais à leurs visages une valeur
expressive; souvent même, il exagère les traits de façon involontairement caricaturale.
Tout à fait à part doit être mise la Crète,
dont les artisans se signalent par une curiosité un peu désordonnée,
par des recherches de formes, de techniques, de mise en page et de choix
du sujet qui font de la grande île une sorte d’alambic où
se préparent des idées que d’autres exploiteront de façon
plus systématique.
L’orfèvrerie dont si peu de choses sont parvenus jusqu’à
nous est également tributaire de l' Orient. Beaucoup moins visible,
et d’ailleurs beaucoup moins certaine, est l’influence de l’Orient sur
les arts dits majeurs.
La grande sculpture grecque est née au 7e siècle
qui marque le début de l'époque archaïque. Il n’est
pas sûr, en effet, que les grossières idoles de bois (xoana)
aient été antérieures à cette époque;
puisqu’on ne les connaît pas directement. Mais des statues de moyenne
grandeur ou de taille humaine nous sont parvenues qui ne diffèrent
de ces xoana que par le matériau, pierre tendre ou marbre.
Sans doute l’Égypte et l’Orient ont bien connu les statues de
culte, mais il s’agit de cultes différents. Il est certain que la
connaissance de ces statues étrangères a donné l’impulsion
à la première sculpture grecque, qu’elle a même
fourni, pour l’attitude des figures, un schéma; les artistes grecs
n’ont cependant pas eu, en façonnant l’image d’Apollon, l’impression
qu’avaient alors les peintres de vases d’imiter un modèle exotique;
Grecs, ils travaillaient pour des Grecs suivant un idéal grec.
On verra apparaître à l'époque archaïque 2 types principaux de sculpture : l’un viril, le couros, l’autre féminin, la corè. Dès la fin du 7e siècle, l’habileté de certains artistes est assez grande pour qu’ils donnent à leurs statues des dimensions colossales, pouvant atteindre plusieurs mètres.
Il n’est pas invraisemblable que le développement de la statuaire ait eu pour conséquence celui de l’architecture. Pour loger le dieu qui s’incarne en une image de pierre, il faut une maison, et cette maison, c’est le temple. Au milieu du 7e siècle ce sont plutôt des chapelles, formées d’une seule pièce allongée dont une des façades s’abrite sous un porche. Un peu plus tard, de petits temples ont été construits, dont sont conservées les ruines: à Prinias, en Crète, une étroite pièce rectangulaire dont le plafond était supporté par une colonnade axiale s’embellissait d’un décor en relief au haut des murs et sur le linteau de la porte. Bientôt le temple se développe mais, plus encore que la sculpture, il échappe à toute influence étrangère. Il est fait pour un peuple déterminé qui crée les dieux à sa propre image, et qui veut les loger dans des habitations semblables à celles qu’il possède lui-même: c'est sur le type du mégaron mycénien qui s’est transmis à travers l’âge obscur que le temple est conçu.
Objets présentés :
- Dans la grotte de Lida (Crète) un Tympanon (instrument de musique
à cordes, frappé avec des baguettes) en bronze du 8° s. Personnage central entouré
de 2 silhouettes plus petites , de type oriental, se déplaçant à grandes enjambées
- Pendentif en or filigrané de Rhodes (630) faisant partie du trésor de
Camiros comme ces plaquettes d'or
, d' argent de style dédalique.(du nom de Dédale, architecte et sculpteur athénien
qui inspira à Ariane, fille de Minos la ruse qui permit à Thésée de retrouver
son chemin)
- Chaudron orientalisant de Chypre, en métal posé sur un trépied à baguettes
du 7° s : Prothomes de griffons et de sirènes
- Sirène de type grec aux traits du visage élaborés indiquant l'intérêt progressif
porté au corps humain
- Céramiques orientalisantes :