Les chinois connaissait l'alchimie de la terre depuis le Néolithique mais c'est sous les Zhou (-1.100) qu'ils apprirent à rendre leurs poteries imperméables en usant de couvertes à base de feldspaths et de cendres végétales vitrifiées. A partir des Han (-206), la découverte des oxydes mêlés à la silice permit de donner aux objets des couleurs intéressantes qui transformaient les poteries en substitut de jade pour lequel les chinois ont toujours eu une fascination supérieure à celle exercée par l'or.
Suivant que l'on utilisait de l'oxyde de cuivre ou de fer, on obtenait
des glaçures (ou engobes) vertes ou brunes. Le jeu
de la cuisson, le rajout de métaux complémentaires (étain
ou plomb, qui abaissent la température de cuisson), le dosage des
oxydes, permettaient d'obtenir des variantes de ces couleurs de base (Une
simple poterie demande une cuisson à 800° mais le glacurage
nécessite 1.100°, cependant en rajoutant un sulfure de plomb
il suffit de chauffer à 750°).
Par ailleurs la terre employée, plus ou moins fine, de composition
différente selon les lieux d'extraction, la conception des fours
(four "bouteille" ou four "dragon" offrant une cuisson plus uniforme),
les méthodes de cuisson, permirent d'obtenir au fil des siècles
des céramiques extrêmement variées dans les formes
et en couleurs, nuances, densités ............
L'utilisation d'argiles réfractaires comme le kaolin leur permit d'inventer la porcelaine (589) qui fascina le monde par ses qualités translucide, brillante et sonore (14° s en Europe)
Enfin, dés le 9° siècle apparaissent les décors floraux ou calligraphiques tracés au pinceau au brun de fer sous la couverte translucide. Au 11° siècle les céramistes chinois inventent les céladons
Il faut observer que pour les chinois l'ajout d'une glaçure n'avait pas à l'origine une fonction esthétique mais bien plus prosaïquement de rendre le contenant imperméable pour le transport des liquides.
Il y a essentiellement 2 types de cuisson de la terre :
Époques Chang (1600-1100) et Zhou
(1100-256) :
vaisselle courante et poteries blanches, pièces à décors
incrustés, vases en argile fine, vitrifiées à très
haute température avec des dessins gravés de lignes brisées
géométriques et parallèles horizontalement. Vers la
fin du 9° s les fours atteignant une température suffisante,
apparaissent les grès
Époque Han (-206) : bassin
creux en céramique à base de terre ordinaire mais revêtu
d'une glaçure coloriée à base de plomb qui curieusement
est plus "rustique" que les objets de l'époque Chang.
A partir du 1° siècle, les céramistes ont acquis une grande maîtrise des procédés et ils ont d'excellents matériaux. Ils obtiennent dans leurs céramiques, par le jeu des nuances, un substitut du jade pour lequel ils éprouvent une véritable fascination.
Des 4 et 5° siècles : 3 cruches vitrifiées de couleur, dont un pré-céladon d'un bleu lavande mat obtenu par ajout d'oxyde de fer et cuisson en réduction.
6° siècle: Ajout de quartz dans les glaçures lorsque l'on souhaite les rendre plus transparentes.
Époque Tang (7° s) les esthètes à la recherche de délassement intellectuel poussent le raffinement jusqu'à accorder la couleur du bol à celle de son contenu : le thé et les potiers travaillent alors sur le "blanc" ou pour ceux du bassin inférieur du Yangzi sur les nuances de vert. C'est aussi l'époque des "blancs bleutés"
Époques Tang et Song du Nord
(10° s) : Apparition des "3 couleurs" : sur le même objet
et en même temps apposition de 3 couvertes jaune, verte et blanche
en tâches régulières ou en coulure ou sous formes d'émaux
épais appliqués à l'intérieur d'un tracé
que délimite une incision dans la poterie ou un bourrelet. Ce goût
pour la couleur s'exprime également dans les poteries "marbrées"
obtenues par malaxage d'argiles claires et d'argiles sombres.
Bol a section carrée en pâte blanche et kaolin dont le
fond est tamponné d'une scène en relief. Coupe blanche à
liseré marron dont la surface finement craquelée est obtenue
par la différence de dilatation des composants de surface.Tripode
RU
Au 11° siècle c'est l'invention
des céladons, ces pièces de céramique aux effets
porcelaineux dont la couleur monochrome, qui se situe entre le bleu
et le vert, est obtenue par adjonction d'oxyde de fer.
On retrouve également ici la fascination
pour le jade et les pierres marbrées ainsi que le goût affirmé
du monochrome comme dans la peinture.Quelques exemples de céladons
:
De l'époque Song du Nord 960-1127 (à Cizhou : vallée du fleuve jaune) des pièces à base d'argile rouge vif recouverte d'un pâte blanche fine sur laquelle on a tracé à l'oxyde de fer un décor brun.
Dynastie Song"Vase"
Song
Coupe à encens Song
De l'époque Song : les émaux de "petit feu" . Le décor bleu et blanc est "dégourdi" (1° cuisson vers 400°) puis trempé dans la glaçure, chauffé à 1200° avant la pose des émaux de "petit feu" (rouge de fer, vert de cuivre, jaune antimoine) apposés sur la couverte impliquant que la pièce soit remise au four (feu de moufle) à cuisson basse. Ce sont les premières pièces à décor floral polychrome.
L'effet "buvard" est très marqué sur les pièces
anciennes.
Dés le 14° s utilisation du cuivre pour obtenir d'autres
teintes allant du rouge grenat au ... gris lorsque la cuisson est trop
poussée.
A l'époque de la dynastie mongole des Yuang (1271) et
sous les Ming (1368-1644) : Les artisans subissent l'influence
étrangère; le cobalt venu de Perse conduira à la création
d'une innovation majeure : les "bleu-blanc" reconnaissables à
leur qualité de bleu uniforme tendant vers le violacé
.
Dynastie Ming . Porcelaine au cobalt :
Dynastie Yuan au cobalt
Le 14° siècle fut le début des grandes exportations vers la Corée, l'Arabie et le Japon.L'occident suivi aux siècles suivants avec un véritable engouement. Deux types de production ce sont alors développées : les pièces rapidement troussés pour la clientèle occidentale; et les très belles pièces pour les amateurs chinois. Les hollandais créaient au 17° la manufacture de Delft.
Toujours sous les Ming,
à partir de l'invention à l'époque Song des émaux
de "petit feu", les artistes associèrent 2 techniques : Celle des
"bleu et blanc" avec les 3 couleurs supplémentaires (jaune , rouge,
vert) des "petit feu" . Ainsi naquirent les "3 couleurs" (blanc
du fond, bleu cobalt et 1 émail), les "couleurs contrastées"
et les "5 couleurs"
L'âge d'or des "rouge de cuivre" se situe au 15° s ou l'on commença à indiquer le nom d'ère au dos des objets.
16° siècle : époque des "boccaro" ces céramiques en grès bruns ou rouge foncé, plus ou moins lustrées pour les théières, exportées en Europe en grande quantité.
Vers 1685 à partir d'un précipité
de sel d'or découvert par un chimiste allemand (Cassius) dont le
procédé fut transmis en Chine vers 1725 les chinois créèrent
le "rose carminé";
que les chinois appellent céramiques "poudrées" (Fun):
les pigments ne sont plus dilués et appliqués au pinceau
mais broyés et placés dans un tube fermé a une
extrémité par une gaze très fine; la poudre est projetée
en soufflant à l'autre extrémité
A partir du 18° siècle les peintres,
attirés par la palette si riche des céramiques, participèrent
à leurs créations. Les procédés de la peinture
s'imposèrent à la manipulation des émaux (substances
vitreuses colorées au moyen d'oxydes métalliques que l'on applique
à froid sur des pièces puis que l'on porte au four pour qu'elles
se fixent et se solidifient).
Il y a une convergence de la peinture sur soie et
de celle sur porcelaine quand les chimistes inventèrent les émaux
sépia qui permettaient le rendu exact d'une peinture à l'encre;
les émaux noirs et ceux au rouge de fer simulèrent de même
les inscriptions d'accompagnement et le cachet au cinabre du peintre
ou du collectionneur
Peu à peu la porcelaine devient le support de décors joyeux et animés telle le "1.000 fleurs"
1725-1736: Magnifique théière:
décor aux 1000 fleurs en céramique poudrée, décor
au cobalt avec paysage et cachet au cinabre comme sur les peintures.
Autre théière avec décor 1000
fleurs avec bouquets de fleurs carminés et cachet de l'auteur et
du destinataire
Sous le règne de Qianlong de 1736-1796 (dynastie Qin) : pièces avec nuances de couleurs obtenues par des émaux .Couple de lièvres tenant dans leurs babines les champignons de l'immortalité.
Bols avec paysage traité en "dent de cheval" (idem peinture)
Couple de crapeaux porte bonheur en porcelaine incrustations
en relief de l'empereur Qianlong
Peinture Japonaise![]() ![]() |